Stèle romaine du Prieuré
Encastrée en hauteur (8 à 10 m) dans le pignon ouest du prieuré Saint-Étienne, apparaît une figure sculptée à l’intérieur d’une niche. Il s’agit d’une partie d’un monument funéraire gallo-romain, plus précisément d’une stèle, datée du IIe ou du IIIe siècle de notre ère. Elle provient, selon toute vraisemblance, de la nécropole de l’agglomération antique qui a précédé Allichamps, et qui se situait dans le secteur du prieuré. Il s’agit à coup sûr de l’œuvre d’un atelier local, qui l’a réalisée dans un bloc de calcaire provenant très certainement des carrières, toutes proches, de La Celle.
Il existait à cette époque une coutume consistant à se faire confectionner un tel monument de son vivant. Sa taille et sa qualité dépendaient évidemment des moyens dont on disposait. Il se composait habituellement d’une niche centrale, munie d’un encadrement qui pouvait prendre un aspect architectural évoquant la façade d’un petit temple, avec deux pilastres porteurs de chapiteaux, ces derniers soutenant fréquemment eux-mêmes un fronton triangulaire. Quant à la niche elle-même, elle abritait souvent un relief figurant une personne, un couple ou une famille, dans l’exercice d’une activité professionnelle, ou ayant pris la pose. A défaut, on y sculptait divers objets, par exemple des outils.
La stèle encastrée dans le mur du prieuré, d’une réalisation assez sommaire et fortement érodée, se limite à des dimensions modestes. A l’intérieur d’une niche voûtée en cul-de-four,et encadrée de deux colonnes surmontées de chapiteaux simplement esquissés, que coiffe une archivolte dont ne subsistent que deux bandeaux, on a sculpté le buste d’un homme. Il tient dans sa main droite un stylet levé au-dessus d’un assemblage d’au moins quatre tablettes à écrire, formant ce qui se nommait un codex, placé en oblique dans l’angle inférieur droit de la niche. La tête et le regard orientés vers un probable interlocuteur suggèrent l’attente d’une information à transcrire, et l’ensemble conduit à supposer dans ce personnage un comptable ou un intendant procédant à l’encaissement d’un fermage pour le compte d’un propriétaire local.
Cette figuration d’un homme accomplissant une telle tâche n’a rien d’isolé. On peut en voir un exemple comparable à Bourges, au Musée du Berry. D’autres monuments funéraires sculptés, montrant également des personnages qui écrivent sur des piles de tablettes dans des contextes d’encaissement, ont été retrouvées dans la partie nord-est de la Gaule, et sont notamment visibles dans les Musées de Dijon et de Trèves.
Source: Rapport universitaire de Robert BEDON
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